Les
premières mentions de la « commune » de Saint-Saturnin, et non du
village, sont du début du XIVème siècle, c'est dire qu'ici, pas plus
qu'ailleurs, nous ne possédons de charte originale relative au régime
municipal.
Nous croyons toutefois permis de penser que, dès le XIIIème siècle, le
pays possédait sa municipalité, sachant qu'à Chasteauneuf de Messire
Giraud Amic (plus tard Châteauneuf-de-Gadagne ), où le pouvoir féodal a
toujours été plus fortement établi, la charte confirmant les droits de
la commune paraît déjà en 1268.
Même l'analyse du testament de Giraud Amic de 1216 nous laisse entendre
que déjà, de ce temps, la délimitation des territoires de nos communes
était chose faite.
Carte
du Comtat Venaissin, avec cartouche et plan
d'Avignon (1530-1583) Avenio urbs antiqua venaisinus item comitatus...
Les
cartes peintes en décor mural s'étaient répandues en Italie depuis le
XV siècle.
Les papes en firent orner entre 1559 et 1564 et après 1580 trois
grandes
galeries du Vatican. Celles illustrant les provinces d'Italie ornent
les murs
de la longue galerie bordant le cortile du Belvédère construite sous
Grégoire XIII
(1572-1585). Ce pape est bien connu pour l'intérêt porté par lui à
l'astronomie
en relation avec la réforme du calendrier, auquel son nom est attaché.
Pour les
cartons, il fit appel à un mathématicien-astronome réputé, le père
dominicain
Ignazio Danti (1536-1586).
Avignon et le Comtat, propriétés de l'église de
Rome, comme le rappelle le cartouche, apparaissant ici comme un vaste
panorama
où la virtuosité du grand perspectiviste qu'était Danti put donner sa
mesure ;
on admire le passage entre la forêt du premier plan et l'immense
succession de
plaines, de cours d'eau et de montagnes dont l'agencement sera le thème
dominant
de la cartographie du Comtat. La forêt est ici bien présente, sauf les
sommets peut-être
en raison, de l'étymologie un peu forcée qui voyait dans le latin
venatione, la
chasse, l'origine, du qualificatif de "venaissin". L'esprit
mathématique
transparaît dans la précision du cadre indiquant les coordonnées en
latitudes
et longitudes. Le frère d'Ignazio, Antonio (ou Vicenzio ?), peintre de
Pérouse,
se chargea de la fresque, où le goût maniériste se manifeste en
particulier dans
l'ornementation du cartouche.
Texte extrait du livre " Rivages & Terres de Provence "
Editions A. Barthélémy, AVIGNON 1991
La carte
Détail
Photo prise par M Bontoux au Vatican
Saint Saturnin, Évêque martyre de Toulouse
Saint Saturnin fut le premier évêque de Toulouse.
Il annonçait la bonne nouvelle de Jésus Christ. Ses détracteurs
décidèrent de supprimer ce témoin gênant.
On l'attacha à un taureau qui le traîna du Capitole (emplacement actuel
de ND du Thaur), jusqu'à l'endroit où fut érigée une basilique en son
honneur: Saint Sernin. Son martyre se situe au milieu du IIIe siècle.
Le culte du saint se répandit, notamment en France et en Espagne, à
partir du Vème siècle. L'église le fête le 29 novembre.
La domination sur la Provence, des comtes de Toulouse, nous laissait à
penser que c’était eux qui auraient instauré le culte du saint
Toulousain dans notre région, mais une église existait déjà à
Saint-Saturnin 80 ans avant le premier acte de suzeraineté des comtes
de Toulouse sur la région.
L'étude attentive de l'histoire de la Provence nous porte à supposer
fortement que la première application du nom de lieu de Saint-Saturnin
se situe au milieu du VIème siècle.
On sait par La charte de 1008 qu'il y
avait déjà une église ici dédiée à Saint Saturnin.
Statue de Saint Saturnin, patron de la paroisse.
Statue en bois doré de 1810
Le premier seigneur de Saint-Saturnin dont l'histoire
nous a conservé le nom est Guillaume de Saint-Saturnin. Il figure avec
Pierre de Morières, le 16 septembre 1125, au traité de partage du Comté
de Provence et de la ville d'Avignon.
Dans la première moitié du XIIIème siècle, la famille de Saint-Saturnin
joue un rôle assez remarquable dans les affaires régionales et fut
mêlée à la vie municipale avignonnaise.
Les seigneurs de Saint-Saturnin n'étaient pas les seuls
seigneurs à avoir des possessions sur le village, car c'était une
co-seigneurie. La dernière mention qui nous est connue d'un membre de
la famille de Saint-Saturnin fut Charles qui en 1472 loue une maison à
la ville d'Avignon pour y installer des écoles primaires.
Un regroupement de la seigneurie de Saint-Saturnin se produisit en 1535
lorsque la plus grande partie du fief fut acquise par François et Louis
de Galléan déjà seigneur des Issarts de Vedène et d'Entraigues.
En 1562, c'est François de Galléan, qui paraît comme le seigneur le
plus important de Saint-Saturnin.
Plus tard c'est Charles, l'arrière petit-fils de Louis, qui épousa en
1598 Louise de Gadagne d'où devait naître Charles-Félix de Galléan de
Gadagne. Ce dernier, qui sera le premier Duc de Gadagne en 1669, fut
lieutenant-général des armées de Louis XIV et compagnon d'armes de
Turenne.
C'est la famille de Galléan qui possédera la seigneurie de
Saint-Saturnin jusqu'à la révolution.
Ce quartier, constituant la partie la plus haute
de l'ancien village intra-muros, tire son nom de sa particularité
topographique. Le mot pigeolet est le diminutif de puy ou pig
signifiant montagne.
Au XIIIème siècle nous y trouvons le château,
appelé également "La Tour". Des bases de donjon étaient effectivement
encore visibles il y a quelques décennies dans les soubassements d'une
maison de ce quartier.
Nous trouvons dans les archives, les traces de ce bâtiment jusqu'au
XVIIIème siècle. Tantôt appelé "La tour", tantôt "La maison claustrale"
, il appartenait au chapitre de Saint Didier d'Avignon, prieur du lieu.
Une autre maison dans le même quartier, mérite
une attention toute particulière à plus d'un titre. En effet, nous
savons qu'avant sa restauration en 1949, elle possédait une niche
admirable du XVIIème siècle en pierres de Pernes, de plus il y avait
sur la façade méridionale à hauteur de premier étage une pierre avec
une inscription en latin datant de 1685.
Enfin, élément encore plus remarquable, il y a
dans la cour de cette maison, un puits exceptionnel à trois étages. Ce
puits est constitué d'un escalier en colimaçon en pierre d'un mètre
cinquante environ de diamètre à côté du trou cylindrique constituant le
puits en lui-même de même dimension que l'escalier.
De plus sur le côté il y a, à chaque étage, une
pièce rectangulaire d'environ trois mètres par deux, qui communique
avec l'escalier par une porte et avec le puits par une ouverture. Dans
cette pièce, côté Est, il y a une niche d'environ 50cm de profondeur.
Autre curiosité, après le premier quart de rond de l'escalier, il part
en direction du sud une galerie qui est murée.
Cet édifice souterrain est assez curieux et pose
quelques questions concernant son usage et sa destination originelle.
Était-il simplement destiné à constituer une grande quantité d'eau en
réserve en cas de nécessité, ou avait-il une vocation de cachette en
cas de guerre? Mais si le niveau de l'eau était assez élevé, la surface
de refuge offerte pouvait être très réduite.
L'un des fléaux les plus redoutés de nos aïeux, fut
certainement les épidémies de peste. En 1348 il y eut 15000 victimes
dans la seule ville d'Avignon. 13 ans plus tard il y en eut 17000 dans
le Comtat. Ces chiffres sont considérables pour les populations de
l'époque. Les épidémies se succédaient toutes les dizaines d'années
environ.
Lors de celle de 1588, il y eut 100 morts à
Saint-Saturnin sur une population de 250 habitants. Des mesures
sanitaires strictes étaient pourtant prises : fermetures de portes,
barricades sur les avenues qui menaient au village, délivrance prudente
des « billets de santé »
Saint Roch
La dévotion à Saint Roch était
très présente dans la région car il préservait de la peste.
Les archives communales rapportent que la communauté de Saint-Saturnin
fit voeu de se rendre chaque année, le soir de la Pentecôte, en
procession à l'église de Jonquerettes pour honorer Saint Roch, afin que
le village soit protégé de cette terrible maladie.
Le voeu fut exaucé et renouvelée en août 1640 alors que la peste
sévissait à Sorgues et Vedène, puis à nouveau en 1720. Cette procession
traditionnelle s'est perpétuée jusqu'aux années 1960.
L'entrée dans Jonquerettes lors de la procession
du 5 juin 1938.
Le nom de Roch, né vers 1350, serait celui de sa famille
dont on a pu retrouver la trace à Montpellier au XIIe siècle. Il se
dévoua d'abord au service des pauvres dans sa ville natale puis, après
la mort de ses parents, il revêtit l'habit de pèlerin et se dirigea
vers Rome où il séjourna de 1368 à 1371 environ. Là, comme en cours de
route, il soigna avec zèle les malades et surtout les pestiférés,
manifestant des dons de thaumaturge en leur faveur. Atteint lui-même
par la maladie, à Plaisance, il reprit le chemin de sa patrie une fois
guéri.
Arrêté comme espion du pape par le duc de Milan près d'Angléria, il y
passa cinq ans en prison et y mourut vers 1379, après avoir été reconnu
par son oncle maternel.
La renommée de ses miracles s'étendit dans toute la France méridionale
puis dans l'Europe entière où son culte prit un vif essor. Ses reliques
furent transportées à Venise en 1485.
Dans le diocèse d'Avignon, de nombreuses chapelles lui sont dédiées un
peu partout, édifiées aux époques des épidémies de peste de 1630 et de
1720, puis de choléra au XIX siècle.
On adjoint souvent un chien dans
les représentations de saint Roch, car la tradition veut qu'à la fin de sa vie,
touché à son tour par la peste et par la faim, il fut nourri dans une forêt
près de Plaisance par un bon chien qui lui apportait chaque jour un pain dérobé
à la table de son maître. Ce-dernier, intrigué par le manège de l'animal, le
suivit en forêt et découvrit notre saint blessé qu'il put ainsi secourir. Voilà
pourquoi, pour parler de deux personnes inséparables, le proverbe dit : "c'est
saint Roch et son chien".