L'histoire de l'école de Saint-Saturnin, du
Moyen-Âge à la révolution, nous est racontée par Jean Mounition :
"Dès que nos archives locales nous permettent de
constater l'existence d'une école ici, nous voyons celle-ci établie
selon les principes remontant au XIIe et XIIIe siècles ; c'est-à-dire
l'école organisée par les consuls se trouvant en tête de la
municipalité et mise gratuitement à la disposition de tous
contrairement à ce qui nous est parfois avancé que seuls quelques gens
fortunés auraient eu l'avantage de faire bénéficier leurs enfants des
bienfaits de l'instruction. Notons, toutefois, qu'il n'était pas
question d'imposer l'instruction à tous les enfants et c'est en quoi le
régime de l'instruction élémentaire de l'époque diffère du régime
actuel ; si elle était gratuite elle n'était pas obligatoire.
Dès l'année 1604, nous voyons ici « le précepteur de la jeunesse,
Mathieu Espitalier, qui moyennant trois écus par trimestre ( que la
commune lui verse ) se charge d'instruire les enfants de
Saint-Saturnin, tant riches que pauvres et sans rien plus exiger. »
En 1613, Jean Bernard avec le titre de maître d'école succède à Mathieu
Espitalier et « s'engage à instruire tous les enfants moyennant douze
écus d'honoraires annuels et sans rien plus exiger. »
L'école paraît avoir pris une plus grande importance dans les années
suivantes puisque en 1627 outre le maître d'école Jean Taxil, aux
honoraires de trois écus par trimestre, nous voyons apparaître M.
Colleret, second maître d'école. Notons toutefois que cette disposition
nous paraît toute temporaire puisque c'est la seule fois qu'un second
maître figure dans les comptes de nos archives.
En 1637, notre commune s'adresse au frère Esprit Provençal, religieux
de Saint-Augustin de Pernes, qui perçoit selon l'usage douze écus pour
ses gages annuels de régent de la jeunesse.
M. Gilbert de Sonnai paraît en 1649 en qualité de secrétaire et
instituteur et qui « reconnaît avoir reçu douze écus annuels pour
apprendre les enfants à lire et à écrire. »
Au même traitement nous trouvons, en 1659, Jacques de Saint-Germain
qualifié « régent de la jeunesse ».
Vers la même époque, le recrutement du personnel enseignant paraît de
plus en plus difficile et nous relevons une trentaine de noms de
régents ou instructeurs de la jeunesse pour la période de 1660 à 1790.
Peut-être ces maîtres ne donnaient pas toujours entière satisfaction.
Notons cependant les plus marquants pour cette même période. Messieurs
Faben en 1662, Coupard en 1679, Laurans en 1706 et 1721, Maurel de 1725
à 1739.
En 1751, notre commune semble avoir trouvé un maître de premier ordre
en la personne de M. Martel et à la date du 5 mars de cette même année
il est dit que « le Conseil considérant que Monsieur Martel, secrétaire
de la communauté de Saint-Saturnin est un homme très entendu et très
propre à donner aux enfants une bonne instruction, décide de l'engager
comme régent de la jeunesse. »
En 1760, c'est l'hermite de Sainte-Anne de Vedène qui figure ici comme
régent des écoles.
Traitement des maîtres.
Ces traitements, qui jusqu'en 1654 étaient de douze écus
par an, soit 36 livres, se trouvent par suite de la hausse des prix de
toutes choses, portés à 60 livres en 1662, 75 livres en 1743, 90 livres
en 1748, 120 livres en 1755 et 60 écus ou 180 livres en 1777.
Le dernier maître d'école avant la période révolutionnaire fut Melchior
Broche, de 1785 à 1790, aux honoraires annuels de 180 livres.
Fonctionnement de l'école.
Le fonctionnement de l'école ne paraît pas avoir subi
d'interruption au cours des XVII""' et XVIII"" siècles et même au plus
fort de la peste de 1720-1722 alors que l'école de Vedène se trouvait
fermée pour cause de contagion et le traitement du maître suspendu
pendant la même période, ici, le pays étant indemne, nous pouvons voir
M. François de Lettre, maître d'école de Saint-Saturnin, continuer à
percevoir ses émoluments en 1721 et 1722.
Emplacement.
L'emplacement de notre école ne nous paraît pas toujours facile à
déterminer ; en effet en 1650, les consuls font voter par assemblée
générale des habitants, la construction de deux chambres dans la maison
commune dont l'une pour servir d'école et l'autre pour entreposer le
grain.
Cette décision eut-elle des suites ? Rien pour l'instant ne vient nous
le confirmer. Quelques années plus tard, en 1679, la « construction
d'un membre ou hôpital pour les pauvres vagabons » avait bien été votée
sans cependant être réalisée. D'autre part, même au cas où l'école eut
été installée dans la maison commune, il ne nous est pas permis de
penser qu'il en eut été toujours ainsi.
Dans un terrier de la première moitié du XVIII"" siècle (Archives Dép.
de Vaucluse, Gx 127) il est question d'un « quartier derrière l'école »
situé en haut et hors du village et contiguë au quartier des Aires. »
Nous retrouvons ce « quartier derrière l'école » dans le compte rendu
de la visite des grains de 1789.
Ref: "Histoire de Sait-Saturnin lès Avignon par Jean
Mounition.
ÉCOLE COMMUNALE DE GARÇONS
De
1833 à 1852, une école d'enseignement mutuel fonctionne dans le
village. C'est l'école communale dirigée par Monsieur Triaire. Dans
cette école "les écoliers s'instruisent entre eux, les plus capables
servant de maîtres à ceux qui le sont moins". Un seul maître suffit
pour une école. Elle comptait, en 1833, 65 enfants. La loi Guizot
obligeant les communes à entretenir une école primaire a été établie en
1833.
De 1852 à 1870, à la suite de la démission de Monsieur Triaire, la
direction de l'école communale est confiée à un membre de la
congrégation des Frères des écoles chrétiennes. Cette situation fait
suite à la loi Falloux marquant une plus grande importance accordée aux
congrégations pour l'enseignement.
Par ailleurs, il se trouve qu'à Saint-Saturnin les locaux de la
congrégation sont en meilleur état que ceux qui étaient utilisés pour
l'école jusqu'à présent. L'école communale fonctionnera donc dans le
bâtiment de la congrégation.
Pendant cette même période fonctionne une école laïque, non communale,
dirigée par Monsieur Guirand. Cette école est payante et elle reçoit
les enfants des familles refusant de les envoyer dans l'école dirigée
par les Frères des écoles chrétiennes.
De 1870 à 1872, l'école de Monsieur Guirand devient école communale.
De 1872 à 1879, la direction de l'école communale est de nouveau
confiée aux Frères de la congrégation. Cette école fonctionne dans les
locaux de la congrégation.
En
même temps et jusqu'en 1874, l'école laïque, non communale, continue de
fonctionner dans un bâtiment appartenant à Monsieur Bressy
(vraisemblablement à l'emplacement des actuels établissements Pagnon).
Cette école laïque, payante puisque non communale, arrêtera de
fonctionner en 1874, les revenus des habitants ayant subi une baisse
très importante et n'étant plus suffisants pour subvenir aux frais de
scolarité. Pendant cette période, des habitants de la commune envoient
leurs enfants à l'école de Vedène ou à celle de Jonquerettes.
Le 18 août 1878, le Conseil municipal décide de créer une école laïque
qui fonctionnera avec les fonds municipaux. Cette création est
justifiée par l'importance de la population scolaire, par
l'insuffisance des locaux affectés à l'école existante et par le
souhait des familles demandant l'ouverture d'une école laïque. L'accord
pour cette création a été donné par Jules Ferry le 8 juin 1879.
Les lois de Jules Ferry sont publiées quelques temps après (1881 et
1882). A partir de ce moment-là, l'école communale sera définitivement
l'école laïque. Cette école communale a fonctionné dans le local de
Monsieur Bressy comme précédemment.
Le 26 octobre 1894, l'école communale de garçons est transférée à
l'hospice. Elle prend la place de l'école de filles qui va occuper
l'école qui vient d'être construite (emplacement de l'école maternelle
actuelle.
En 1947, l'école est géminée. Elle a reçu les garçons et les filles
depuis le cours élémentaire jusqu'à la classe de fin d'études (14 ans).
En 1968, l'école communale est transférée dans les bâtiments neufs du
groupe scolaire Jean-Moulin.
ÉCOLE COMMUNALE DE FILLES
Un tableau des archives
départementales signale qu'il n'y avait pas d'école de filles à
Saint-Saturnin en 1801
Sur un tableau concernant la situation de l'école de filles en 1884, il
est indiqué que l'école publique de filles a été construite en 1843. Il
s'agit vraisemblablement de l'ouverture de l'école et non de sa
construction ; en effet, ces locaux sont jugés vétustes en 1882 soit 40
ans plus tard, ce qui paraît peu pour une construction neuve.
En 1891, l'école de filles a été installée dans l'hospice. La direction
de l'école a été, jusqu'en 1891, confiée à une religieuse.
A partir du 1er juin 1891, la direction de l'école de filles sera
définitivement confiée à une institutrice laïque.
En 1894, une école communale de filles est construite sur l'emplacement
de l'école maternelle actuelle.
En 1947, l'école de filles est géminée et elle reçoit garçons et filles
jusqu'au cours élémentaire.
En 1968, l'école de filles est transférée au groupe Jean-Moulin. Depuis
1968, les deux écoles sont regroupées mais les deux directions seront
séparées jusqu'en 1983.
L'article suivant est extrait du livre « L’école Saint
Joseph de Saint-Saturnin-les-Avignon » imprimerie RULLIERE-LIBECCIO
paru en 1989 lors des 150 ans de l’école.
ÉCOLE LIBRE DE FILLES
Grâce
au souci bienveillant d'un curé de paroisse, l'enseignement pour les
jeunes filles sera implanté à Saint-Saturnin-lès-Avignon au XIXe
siècle. En effet, le 14 janvier 1839, le curé DUBOUSQUET écrit aux
sœurs des Vans dont la renommée comme institution sérieuse commence à
se répandre dans la région, pour savoir si elles seraient d'accord pour
venir éduquer des jeunes filles à Saint-Saturnin.
La révérende Mère CASTAGNIER répond positivement à cette demande le 21
janvier. Elle pose des conditions : 250 francs ou 100 écus par an comme
traitement, pour deux sœurs agrégées, dites sœurs de campagne, un
logement et la rétribution par les enfants.
Le
curé répond le 6 février : 18 familles sont prêtes à payer, avec 30
francs par an, les 18 filles ont de 6 à 8 ans. Le logement existe déjà.
Il désirerait voir enseigner : la langue française, "écrire avec
l'orthographe", l'arithmétique, un peu d'histoire et de géographie, de
couture fine, et un peu de broderie.
La Mère, sans rien objecter à cette lettre, demande au curé, dans sa
correspondance du 27 février 1839 d'aller voir le recteur de l'académie
pour obtenir le droit d'ouvrir à Saint-Saturnin une école privée ou
communale, le choix n'étant pas encore définitif.
Le 2 avril 1839, sœur CASTAGNIER annonce leur départ pour
Saint-Saturnin. L'école privée congréganiste de filles est fondée. Au
début de leur installation, les sœurs disposaient d'un logement
provisoire, modeste et sommaire.
Sur la colline du Puy commencera en 1840, la construction d'une
bâtisse, sur une parcelle achetée par le vicaire abbé Auguste COURNANT
à M. JOUSSEAUME. En 1840, le vicaire obtient aussi, gratuitement, la
parcelle BOUSSIER contiguë au terrain.
Avec l'aide financière de la population villageoise, le bâtiment est
prêt en 1844. Une commission de notables qui avait recueilli les dons
des habitants offre à la commune cet immeuble le 3 février 1844. L'acte
notarié porte des conditions :
1.
"l'admission des malades à concurrence des rentes qui seraient
fondées" ;
2.
"les sœurs ne pourront jamais être remplacées par des laïques
".
La donation ne devient effective qu'en 1847, un décret
impérial du 18 décembre 1855 autorise légalement l'hospice de
Saint-Saturnin. Les institutrices sont sœur Ursule et sœur Marie, l'une
ayant une lettre d'obédience, la seconde étant une "novice". Pendant un
demi siècle, l'enseignement va être dispensé dans un lieu agréable,
successivement sous la direction de sœur Saint-Ephrem, sœur
Saint-Hippolyte, sœur Marie-Julienne.
En 1880 sont promulguées les lois de laïcisation, alors que sœur
Zénobie est directrice de l'école. Par une décision du conseil
municipal du 13 mai 1891, l'enseignement sera désormais donné par une
institutrice laïque dans le bâtiment de l'hospice. Aussi, les
religieuses doivent-elles partir de cet immeuble donné à la commune en
1844.
Fort heureusement, en 1886, sœur Saint-Justin hérite-t-elle de la
maison de son père Jean GOUBET, actuellement bâtiment de l'école
St-Joseph. Il désire que cette maison devienne une école, et que
l'enseignement y soit privé et congréganiste.
Plus tard arrive sœur SAINT-COLOMBAN qui reprendra son nom de jeune
fille, Mademoiselle SARTRE, à la suite de la loi interdisant les
congrégations en 1904, pour ainsi pouvoir continuer son rôle.
Mademoiselle THIBON, sœur Marie ZENOBIE en fera autant. Cette dernière
sera très largement appréciée et admirée pour sa gentillesse et son
dévouement au service des enfants.
Mademoiselle SARTRE assura la direction de l’école jusqu’en 1952, date
où lui succéda Mademoiselle LAURIOL, puis Mme HAON en 1978.
ÉCOLE LIBRE DE GARÇONS
Un comité d'hommes (MM. Antoine GOUBET,
Laurent FABRE, Saturnin LÉONARD, Claude BOURGET, Henri BOUSSIER,
Antoine CEBE, Pierre ESTELLON, François-Laurent BRUNIER) achète le 20
juin 1850 une maison au quartier des Cros, appartenant à M. Auguste
SAMUEL, pour 10.800 francs. C’est le clos Sainte-Marie, maison située
où il y a la crèche actuellement.
Le
11 décembre 1851, arrivent les maîtres, frères des écoles chrétiennes,
dans une maison meublée par Mesdames GOUBET et BOURGET. Le 12 décembre,
sont ouvertes les deux salles de classe. Le 29 décembre, sont inscrits
165 élèves, entre 3 et 10 ans ; la contribution annuelle varie entre 10
et 30 francs.
Une école chrétienne a été demandée, car l'enseignement communal
mutuel, en place à Saint-Saturnin depuis 1833, dirigé par M. TRIAIRE
(qui démissionnera en 1852) ne satisfait pas certains pères de
familles. Ils envoyaient donc leur fils à l'école des frères de
Morières. Seulement, faire 3 km matin et soir a lassé les parents et
les enfants qui demandent alors la création d'une école chrétienne à
Saint-Saturnin.
Le local est agrandi grâce au don de Madame Veuve BOURGET. Il en a
besoin pour accueillir tant d'élèves. Ce nombre élevé est dû à la
fermeture de l'école d'enseignement mutuel.
La direction de l'école communale est donc confiée à un membre de la
congrégation des frères des Écoles Chrétiennes, à la suite d'un vote de
la municipalité. Ainsi, l'enseignement communal à Saint-Saturnin est
dispensé sous la direction des frères.
Les villageois ont quand même encore le choix pour l'éducation de leurs
enfants. Entre 1852 et 1870 fonctionne une école laïque non communale,
donc les parents doivent verser une cotisation au maître M. GUIRAND.
Cette école est déclarée communale en 1870, mais redevient privée sous
M. BERTRAND en 1872. Il la conserve jusqu'en 1876 et la ferme lui-même
pour entrer dans l'enseignement public.
Ainsi, entre 1870 et 1872, les frères ne dirigent-ils plus l'école
communale.
Seulement, ce n'est pas aussi simple. Le phénomène de laïcisation
affecte déjà cette école en 1870. En effet, la discussion sur la
laïcisation de l'enseignement en France débute vers 1868-1869. Les
écoles de garçons étant les premières touchées par la vague de
laïcisation.
Aussi, le 14 septembre 1870, l'école congréganiste des frères est
laïcisée. Les frères ne quittent pas la maison d'école, et continuent
leur œuvre. Ils deviennent des instituteurs laïcs.
Et enfin, le 11 octobre 1871 l'enseignement congréganiste remplace à
nouveau l'enseignement laïque.
Par un vote du 18 août 1878, le conseil municipal de Saint-Saturnin
décide de créer une école laïque qui sera financée par des fonds
municipaux. N'oublions pas qu'entre 1872 et 1879 l'école des frères est
l'école communale.
Cette création d'une école laïque communale est due au fait que le
nombre des élèves augmente, et que certains parents ne sont pas très
contents depuis la fermeture de l'école privée laïque en 1876, étant
donné qu'ils doivent mettre leurs enfants à l'école des frères, non
payante, elle, mais congréganiste.
La décision d'ouvrir une école laïque reçoit l'autorisation de Jules
FERRY le 8 juin 1879.
A partir de ce moment-là, l'école communale est définitivement une
école laïque. Elle fonctionne dans le local de M. BRESSY (à la place
des actuels établissements PAGNON), ceci à la suite des lois 1881 et
1882.
Le 24 juin 1879, par arrêté des délibérations communales, le traitement
des instituteurs congréganistes passe aux instituteurs laïcs.
Le 28 octobre 1879, l'école des frères est de nouveau laïcisée, mais
continue à fonctionner comme école privée dans le même bâtiment, après
avoir rendu le matériel scolaire qu'ils possédaient de la commune. Ils
conservent évidemment le matériel appartenant à la Commission.
Le 26 octobre 1894, l'école communale laïque des garçons
est transférée à l'hospice (qui n'accueille plus de malades ni de
personnes âgées depuis les années 1850) ; elle prend la place de
l'école communale laïque de filles, qui s'installe dans ses nouveaux
bâtiments en 1894.
En 1903, les frères des Écoles Chrétiennes se voient contraints de
cesser d'enseigner, par l'interdiction de l'enseignement aux
congréganistes. Mais, un maître laïque arrive, possédant toutes les
qualités d'un digne continuateur de l'œuvre des Frères, M. SARTRE.
L'école privée catholique de garçons continue donc. Et les anciens
élèves gardent encore très vif le souvenir de deux de leurs directeurs,
M. ANDRE et M. PASCAL. L'école cessera de fonctionner en 1955.
Différentes prises de vue de l'ancien hospice
devenu l'école des garçons
LA VIE DE L'ÉCOLE
Voici une semaine d'école chez les sœurs à
Saint-Saturnin vers 1910, d'après un témoignage recueilli auprès de Mme
Paulette GAMBIN, née en 1906.
En 1910, il existe deux écoles libres congréganistes : l'école des
filles et celle des garçons. De 3 ou 4 ans à 6 ans et demi, tous les
enfants sont réunis dans la salle "d'asile" ou classe maternelle,
l'actuelle maternelle de l'école St-Joseph.
Mademoiselle FLANDIN s'occupe de ces tout petits et leur apprend déjà
les voyelles. A l'âge de 6 ans et demi, on sépare les garçons et les
filles, étant donné que la mixité n'est pas tolérée s'il existe dans la
commune une école de filles et une école de garçons. Les filles vont au
premier étage, et les garçons vont à l'école qui se situe en face de la
mairie.
La classe de filles, dirigée par Mademoiselle SARTRE sœur
Saint-COLOMBAN compte environ 30 élèves, âgées de 6 ans et demi à 12
ans, âge de passage du certificat d'études. L'école des garçons est
dirigée par son frère, M. SARTRE, jusqu'en 1914. Dans la classe, les
plus âgées sont placées à gauche, et à droite les plus jeunes.
Ces deux grands groupes de 15 élèves sont divisés chacun en sections :
5 par section. Chacune de ces sections a ses propres devoirs, ses
propres exercices.
Les horaires sont 8h-llh et 13h-16h ; mais en été, ils diffèrent un peu
: 8h-llh et 13h.30-16h.30. Les jours de repos : le jeudi et le dimanche.
Les grandes vacances vont du premier août au premier octobre ; il y a
quelques jours de congé pour Noël et Pâques. Les grandes vacances
permettent aux parents d'avoir de l'aide pour la période des vendanges.
Voyons l'emploi du temps de la classe de Mademoiselle SARTRE.
A 8 h, les élèves montent dans la salle de classe, posent leur
cartable. Puis ils font un signe de croix, et disent une prière : "mon
Dieu, bénissez la journée", suivie d'un cantique.
Ensuite, les élèves, réunies en demi-cercle autour du bureau, sont
interrogées ; cela s'appelle le "récit". Les questions portent sur
l'histoire, la géographie, le français, les mathématiques et l'histoire
sainte que Mme GAMBIN et quelques élèves aimaient bien et considéraient
comme "une récréation". En 1911, seront enseignées les sciences, les
cours de gymnastique seront assurés par Mr Raoul MOUNITION.
La matinée se passe en "récit", cours d'arithmétique et de
mathématiques avec des problèmes au tableau. A l0h.00, les élèves ont
une petite récréation. A 11h.00, les élèves quittent la classe après la
prière (l'Angélus), la plupart des enfants mangent dans la cour de
récréation. La personne chargée de faire réchauffer leur gamelle, fait
aussi la cuisine aux religieuses.
A 13 h 00, les élèves se réunissent à nouveau dans la salle de classe.
Ils commencent par un chapelet.
Débute alors la "fameuse" dictée, "bête noire " de beaucoup d'élèves.
Elle est assez longue et suivie d'une correction quelque peu
particulière. Elle se fait, avec la collaboration de l'institutrice,
par une élève qui épelle les mots, la "demoiselle", comme l'appelle Mme
GAMBIN, reprend les erreurs en les épelant de nouveau correctement. Le
texte est relu une dernière fois pour vérifier si aucune faute ne
subsiste.
Le mardi, la dictée dure moins longtemps, car il y a l'épreuve de
composition française, d'une heure. Après la récréation de 15 heures,
sont enseignées l'histoire ou la géographie.
Le samedi après-midi est consacré, pour les filles, au canevas et à la
couture.
A 16 heures est dite la prière du soir, dont le texte est resté gravé
dans les mémoires.
"Bonsoir, Bonne Mère, Bonsoir Bonsoir, Bonne Mère,
Bonsoir De tes enfants garde la prière du soir Bonne
Mère, Bonsoir Bonne Mère Au revoir Bonsoir Mademoiselle".
Après les cours de la journée, les enfants ont la possibilité de rester
en étude. On y voit les enfants préparant le certificat d'étude, ou
ceux ayant des difficultés scolaires. Les sorties et les activités des
élèves sont peu nombreuses. Les jeux dans la cour de récréation sont la
balle et le jeu de croquet. Une fois par semaine, le jeudi, les élèves
vont rendre visite aux autres écoles chrétiennes, surtout à celle de
Morières, qui se situait à côté du chemin de fer.
Après la messe, suit une petite fête avec des chants exécutés par la
chorale, chorale où l'on est accepté après 15 ans. Cette journée se
termine par les vêpres.
Une fois par an est organisée une promenade dans la colline pour
cueillir des genêts pour la fête-Dieu ; cette sortie se déroule un
dimanche. A la mi-mars Saint-Joseph est solennellement honoré par
l'école et la paroisse.
Les distractions consistent à jouer des pièces de théâtre pour Pâques,
et la fête de fin d'année. Pour Noël les anciens élèves et les adultes
jouent la Pastorale. La troupe se déplace même dans les villages
environnants. A St-Saturnin les représentations avaient lieu dans la
remise de Mr Célestin BOURGET, maison située en bas à gauche de la
montée de la Draille.
A partir des années 20, les spectacles se dérouleront dans " la salle
des œuvres ".
Avec l'expansion de l'école, cette salle des œuvres, comme elle était
appelée, deviendra une salle de cours. Ces représentations théâtrales
se jouaient aussi sous le préau.
Chaque élève a aussi certaines obligations à effectuer pour l'école : à
tour de rôle, il faut allumer le feu. Le bois était fourni par l'usine
de Gromelle. Une fois par quinzaine, une élève doit nettoyer les
encriers et les remplir, en essayant de ne pas se salir les doigts !
Il y a aussi la corvée de balayage le mercredi et le samedi pour les
plus de 8 ans.
Ce travail ménager doit être bien fait ; il s'effectue sous la
surveillance sévère d'une maîtresse.
Le port de la blouse noire est obligatoire, été comme hiver. Parmi les
punitions souvent inoubliables, la plus courante est la copie de lignes
: "je ne dois pas parler en classe", et la conjugaison d'un verbe. Être
placée au coin avec le bonnet d'âne est perçu comme une "grande
punition", comme être privée de récréation : elle est appliquée lorsque
les élèves n'assistent pas à la messe, manquent à la politesse,
poussent quelqu'un dans la cour, jettent la balle sur la route...
Cette sévérité ressort souvent des divers témoignages des élèves de
l'époque.